Les acteurs: Sébastiani.




Horace-François-Bastien Sébastiani, dit de La Porta, naît le 17 novembre 1772. La Porta est le nom de son village natal. Il est le fils de Marie-Joseph, tailleur et de Maria-Pietra.

Sa famille est modeste, et c'est son oncle qui prend en charge son éducation. Mais les études ecclésiastiques n'intéressent pas Sébastiani. Il veut être soldat : il s'engage dans le régiment de Vintimille en août 1789, au bel habit à revers grenat. Il obtient rapidement le grade de sous-lieutenant grâce à ses études.




Nous le retrouvons en 1793 au 15ème bataillon d'infanterie légère. Il est ensuite aide de camp des généraux Rochon (9 décembre 1793), puis Casabianca à l'armée des Alpes (30 juin 1794). Puis il est capitaine au 9ème régiment de Dragons (19 mars 1795).

Le 15 avril 1796, il combat à Dego où il est gravement blessé au poignet. Il est remarqué à Arcole, le 15 novembre 1796, par Bonaparte, qui lui donne le grade de chef d'escadron. Fait prisonnier à Verderio, le 28 avril 1799, puis remis en liberté, il reçoit le commandement du 9ème régiment de dragons (13 août 1799).

Son régiment stationne à Paris. Favorable au coup d'Etat du 18 Brumaire, il escorte avec ses hommes Bonaparte de la rue de la Victoire à Saint-Cloud.

Sébastiani est présent à la bataille de Marengo, le 14 juin 1800, puis au passage du Mincio, à Monzembano le 26 décembre 1800. Il entre à Trévise le 14 janvier 1801 et y négocie, avec Marmont, l'armistice entre les armées françaises et autrichiennes en Italie.

Le 11 octobre 1801 il est envoyé en mission en Turquie, puis, à l'été 1802 autour de la Méditerranée en Egypte, Syrie, Smyrne et Corfou. Il a pour mission de s'assurer que les Anglais ont bien tenu leur promesse d'évacuer l'Egypte et de maintenir de bonnes relations avec les pachas et les beys.

A son retour, il écrit dans son rapport que "dix mille hommes suffiraient à reprendre l'Egypte", ce qui crée des tensions avec l'Angleterre. Il reçoit le grade de général de brigade le 29 août 1803, puis il sert sous Marmont en Hollande.

Lors de la campagne de 1805, il est à la tête de la 1ère brigade de la division de dragons du général Walther, rattachée à la réserve de cavalerie de Murat. Le 13 novembre 1805 il entre à Vienne, le 17 novembre il fait 2000 prisonniers à Pohrlitz. Il charge à Austerlitz où il reçoit une balle dans la poitrine ce qui lui vaut le grade de général de division le 21 décembre 1805.

Le 2 mai 1806, il est nommé ambassadeur de Turquie. Le même jour, il épouse Antoinette Jeanne Françoise (dite Fanny) Franquetot de Coigny qui mourut en couches le 8 mai 1817 à Constantinople en mettant au monde Françoise Altérice Rosalba Sébastiani, née le 14 avril 1807.

Il organise la défense de Constantinople et résiste en février 1807 à une escadre anglaise qui attaque la ville après avoir forcé le détroit des Dardanelles et incendié une partie de la flotte turque.




A son retour en France, il est grand aigle de la Légion d'honneur. Puis il est envoyé en Espagne, succédant au maréchal Lefebvre, à la tête du 4ème corps d'armée.

Il a un certain talent pour la tactique, puisqu'il remporte les batailles de Talavera le 28 juillet 1809 et Almonacid, le 11 août 1809, ce qui lui vaut d'être élevé au titre de comte de l'Empire le 31 décembre 1809. Ensuite il est vainqueur à Alcala la Real le 26 janvier 1810, Grenade le 1er février 1810 et Malaga le 7 février 1810, à Rio Almenzora le 4 novembre 1810 et à Baza.

Mais une rumeur court sur un complot impliquant Joseph Bonaparte et le maréchal Soult, auquel participerait Sébastiani. C'est une accusation sans fondement. Napoléon le rappelle à Paris, puis après quelques mois de disgrâce lui redonne toute son estime.

Lors de la campagne de Russie, Sébastiani a moins de chance. Il commande la 2ème division de cuirassiers, avec laquelle il est surpris par l'ennemi à la Drissa le 15 juillet 1812 et à Inkowo le 8 août 1812. Au début de cette campagne, Sébastiani n'est plus lui-même. Surnommé, du fait de sa beauté et de son élégance, "le Cupidon de l'Empire", il est vêtu beaucoup moins bien que les autres officiers généraux. Mais, lors de la désastreuse retraite de Russie, il réussit à rassembler les débris de la cavalerie de la Grande Armée, puis à les ramener en Pologne.

Lors de la campagne de Saxe en 1813, il est commandant en chef du 2ème corps de cavalerie sous Eugène de Beauharnais. Il a retrouvé toute sa ténacité. Il se bat à Sprotau le 28 mai 1813, à La Katzbach le 26 août 1813, à Wachau le 16 octobre 1813, à Leipzig les 16,17 et 18 octobre 1813, où il a la poitrine percée par une lance d’uhlan. Rétabli, nous le retrouvons à Hanau le 30 octobre 1813. Ensuite, il évacue Cologne, le 14 janvier 1814, à la tête du 5ème corps.

Pendant la campagne de France, Sébastiani a sous ses ordres la fine fleur de la cavalerie française : Colbert, Exelmans et Letort. Il se bat avec l'énergie du désespoir à Châlon-sur-Marne le 4 février 1814, Troyes le 23 février 1814, Plancy le 19 mars 1814, Arcis Sur Aube le 26 mars 1814 et Saint-Dizier le 26 mars 1814.

Après la première abdication de Napoléon, il est décoré des insignes de chevalier de Saint-Louis, mais mis en disponibilité. Il se rallie lors des Cent Jours. Il est chargé de la Garde Nationale dans les départements de la Somme et de l'Aisne. Après Waterloo, il assure la défense de Paris entre La Vilette et Bercy.



Sébastiani négocie en vain avec les Anglais pour adoucir le sort de Napoléon. Mais il est proscrit et doit s'exiler en Angleterre jusqu'en mai 1816.

Le 22 septembre 1819, il est élu député de la Corse. Il publie un ouvrage intitulé "Etat actuel de la Corse". Il siège dans l'opposition et il est réélu en 1826, mais dans l'Aisne.

Après la révolution de 1830, favorable à Louis-Philippe, il va être comblé d'honneurs par celui-ci. Il est ministre de la marine en 1830, puis des Affaires Etrangères de 1830 à 1832, ambassadeur à Naples en 1834, puis à Londres en 1835 jusqu'en 1840, année à laquelle il est nommé maréchal de France.

En 1831, il avait pris pour seconde épouse Aglaé Angélique Gabrielle de Gramont. Les dernières années de sa vie seront ternies par l'assassinat de sa fille par son mari, le duc de Choiseul-Praslin, le 17 août 1847. Ecrasé de chagrin, il décèdera, à l'âge de 78 ans, le 20 juillet 1851. Il est inhumé aux Invalides et son nom est inscrit au côté ouest de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.



Suite à la répression russe en Pologne, après la chute de Varsovie le 8 septembre 1831, dans un discours du 16 décembre de la même année, Sébastiani dit : "L'ordre règne à Varsovie". Cette phrase provoquera un tollé et deviendra l'archétype de l'expression maladroite.


© La Bédoyère.






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