Les militaires: Macdonald.


MACDONALD Etienne-Jacques-Joseph (1765-1840) Maréchal





Etienne-Jacques-Joseph Macdonald naît le 17 novembre 1765 à Sedan dans les Ardennes, d'un père écossais installé en France après le désastre de Culloden et d'une mère française, Alexandrine Gonant, fille d'officier. Son origine noble est prouvée par le fait que les Macdonald étaient au côté du roi d'Angleterre Jacques II lors de son exil en France, en 1688.
Son père, catholique fervent, voulant faire de lui un homme d'église, l'envoie étudier dans une institution de bonne réputation à Paris. Hélas, au désespoir de son père, il se passionne pour la tactique militaire. Ses parents le poussent vers les mathématiques afin qu’il devienne ingénieur. Mais Macdonald veut être soldat...

Agé de dix-neuf ans, en 1784, il s'engage dans la Légion Irlandaise où il est nommé lieutenant le 1er avril 1785 sous les ordres du général Maillebois. Cette unité est envoyée en Hollande afin de soutenir les patriotes hollandais contre leur Stathouder (gouverneur). L'intervention de la Prusse fait échec à cette expédition et Macdonald rentre en France.

Le 18 juillet 1786, il rejoint le régiment irlandais de Dillon au service de la France.

Le 12 juin 1787, il est sous-lieutenant de remplacement dans ce régiment.

Il est sous-lieutenant en pied lorsqu'il épouse, le 5 mai 1791, à Saint-Germain-en-Laye, Marie-Constance Jacob de Montloisir, fille du trésorier de l'île Bourbon.

En 1791, le régiment irlandais devient le 87e d'infanterie. La majorité de ses camarades officiers a émigré pour servir dans l'armée des Princes. Macdonald reste en France. Lieutenant le 10 octobre 1791, aide de camp du général Beurnonville, capitaine le 19 août 1792, il est aide de camp de Dumouriez le 29 août. Il se fait remarquer à Jemmapes le 6 novembre 1792, grâce à quoi il obtient le grade de lieutenant-colonel du 94e régiment d'infanterie le 12 novembre 1792.

Chef de brigade, le 8 mars 1793, il ne suit pas Dumouriez lorsque celui-ci signe un armistice avec les Autrichiens et leur livre le général Beurnonville.

Général de brigade le 26 août 1793, il sert, sous Pichegru, à l'armée du Nord. Il se distingue aux combats de Werwik et Commines en septembre 1793, à Hooglède le 13 juin 1794. Il est nommé général de division le 28 novembre 1794. Il a vingt-neuf ans. Il est toujours à l'armée du Nord en 1795. Il demande un congé fin octobre 1795 pour raisons de santé.

En 1796, il est à l'armée de Sambre-et-Meuse, sous Jourdan. Taciturne et morose, Macdonald sait cependant se faire apprécier par ses troupes du fait de son comportement rigoureux et de sa vertu. Son regard droit dénote sa loyauté. Il soigne sa personne et paraît timide.

En février 1797, Macdonald retrouve l'armée du Nord. Hélas, cette même année il perd son épouse, Marie-Constance, âgée de vingt-six ans. Elle lui laisse deux filles. Ce tragique évènement le rendra plus mélancolique.
Nous retrouvons Macdonald le 24 avril 1798 à l'armée d'Italie. Le 11 juillet, il remplace Gouvion-Saint-Cyr au commandement de l'armée occupant la République romaine.

Le 19 novembre 1798, il est gouverneur de Rome, sous la haute autorité du général Championnet (1762-1800), qu'il doit évacuer, mais qu'il reprend le 14 décembre 1798 après avoir battu Mack à Civita-Castella le 5 décembre.
Le 13 février 1799, il remplace Championnet à la tête de l'armée de Naples, mais doit se retirer vers la France face à un ennemi supérieur en nombre.

Il revient en Italie, sous Moreau, et le 12 juin 1799 il prend la ville de Modène où il est grièvement blessé de deux coups de sabre. Il est battu à La Trebbia les 17 et 19 juin 1799, à la suite de quoi il rentre en France.
En raison de cette défaite il est rétrogradé au poste de commandant de la garnison de Versailles. Il rencontre Bonaparte à cette période. Tout d'abord opposé au coup d'Etat des 18 et 19 Brumaire, il s'abstient de s'y opposer.
En remerciement, il reçoit le commandement de l'aile gauche de l'armée du Rhin commandée par Moreau. Il est inspecteur général d'infanterie le 21 janvier 1800, puis commandant en chef de la 2e armée de réserve le 24 août 1800.

A la tête de l'armée des Grisons, il s'empare de Trente le 6 janvier 1801. Le 1er avril 1801, il est ministre plénipotentiaire à Copenhague. Il ne se sent pas à sa place dans les mondanités de cette fonction. Il rentre en France fin janvier 1802. Il est mis en disponibilité, sans être employé.
Le 26 juin 1802, il épouse à Paris, en secondes noces, Félicité de Montholon, jeune et ravissante veuve du général Joubert, tué à la bataille de Novi le 15 août 1799, avec laquelle il aura une nouvelle fille. Pendant son inactivité, il vécut dans son château de Courcelles, au sud de Gien, dans le Loiret, entre sa nouvelle épouse et ses filles. Il s'occupa de ses terres et de son domaine, tout en faisant le bien autour de lui.

En 1804, il prend la défense de Moreau, son ancien chef et ami, accusé de comploter contre le Premier Consul. Il est disgracié par Napoléon et écarté de toute fonction. Il ne bénéficie d'aucune nomination à la proclamation de l'Empire... Mais il a le courage de ne pas se récuser.
Le 21 septembre 1804, sa seconde épouse Félicité meurt. Veuf, écarté des fêtes du Sacre, il réside dans son château de Courcelles.

Le 28 février 1807, il est au service du royaume de Naples. Napoléon le rappelle en 1809. Il doit servir sous Eugène de Beauharnais, alors vice-roi d'Italie. Le 20 avril 1809, il commande un corps d'armée, le 28 avril il dirige toute l'aile droite de l'armée d'Italie. Blessé à la bataille du Piave le 8 mai 1809, il fait 9000 prisonniers et prend 60 canons au fort de Laybach le 22 mai 1809. Il investit Graz le 30 mai 1809.

Le 6 juillet 1809, vêtu d'un vieil habit de général de la République de l'an II, il étonne par son courage ses soldats, à qui il est pourtant difficile d'en remontrer dans ce domaine : à la tête de ses vingt-six bataillons d'infanterie il enfonce le centre de l'armée autrichienne et décide de la victoire de Wagram.
- "Quel brave homme!" s'écrie Napoléon qui le fait maréchal de France, le lendemain de la bataille sur le lieu même de ses exploits :
- "C'est sur le champ de bataille de votre gloire, où je vous dois une grande partie de cette journée d'hier, que je vous fais maréchal de France!"
Il est le seul maréchal à avoir reçu cette distinction sur le champ de bataille.

Il est grand aigle de la Légion d'honneur le 14 août 1809 et duc de Tarente le 14 octobre 1809. Il séjourne en Espagne où il prend le commandement de l'armée de Catalogne, le 24 avril 1810. Il est vainqueur à Cervera le 5 septembre 1810, s'empare de Mansera, mais fut battu à la Bisbal et à Valls.
Il rentre en France à la fin de 1811. Commandant le 10e corps de la Grande Armée, il passe le Niémen le 24 juin 1812, assiège Riga d'août à décembre 1812 et livre un combat à Tilsitt le 31 décembre 1812.

Il se retire sur Königsberg, où il arrive le 3 janvier 1813. Il remet son commandement au général Rapp (1771-1821).
Le 10 avril 1813, après s'être remis, il dirige le 11e corps de la Grande Armée avec lequel il fera toute la campagne d'Allemagne. Il est vainqueur le 29 avril 1813 à Mersebourg contre les Prussiens, il est à Lutzen le 2 mai, vainqueur à Bishofswerda le 12 mai et à Bautzen le 21 mai où il commandait l'aile droite. Il est battu à la Katzbach en Silésie le 27 août 1813, où il perd 25000 hommes.
Il est à Wachau le 16 octobre 1813, à Leipzig le 18 octobre, il s'échappa en traversant l'Elster à la nage le 19 octobre. Il combat à Hanau le 30 octobre 1813.

Il participe à la campagne de France après avoir réorganisé le 11e corps de la Grande Armée. Il sert à Mormant le 17 février 1814, à la Ferté-sur-Aube le 28 février, évacue Troyes le 4 mars. Le 17 mars 1814, il combat le même jour à Nogent-sur-Seine puis à Provins, puis à Saint-Dizier le 26 mars.
Il exhorte Napoléon à demander la paix.

Le 4 avril 1814, il est chargé, avec Ney et Caulaincourt, de négocier avec les souverains alliés.

L'entrée des forces coalisées dans Paris et la défection de Marmont le poussent à se ranger aux côtés de ceux qui militent pour l'abdication de Napoléon... Du moins le fait-il avec un certain tact, il s'entremet auprès des Alliés pour que le départ pour l'île d'Elbe se passe dans de bonnes conditions. Il attend le 14 avril 1814 pour rallier les Bourbons :
- "Maintenant que je suis dégagé de mon devoir envers l'Empereur Napoléon, j'ai l'honneur de vous annoncer que j'adhère et me réunis au voeu national qui rappelle au trône de France la dynastie des Bourbons!"

Il est membre du conseil de guerre le 6 mai 1814 et pair de France le 4 juin 1814. Gouverneur militaire de la 21e division militaire à Bourges le 21 juin 1814, commandant l'armée du Gard sous le duc d'Angoulême le 6 mars 1815 qui le charge d'arrêter Napoléon qui remonte de Golfe-Juan. Il accompagne le comte d'Artois à Lyon le 8 mars. Lors d'une revue de ses soldats, il constate que l'armée refuse de défendre le roi.
Il rentre à Paris et conseille à Louis XVIII de s'exiler et l'accompagne jusqu'à la frontière belge qu'il ne veut franchir.
De retour à Paris, il s'engage comme simple grenadier dans la Garde nationale et refuse de rencontrer Napoléon qui l'a fait demander, afin de ne pas trahir son serment de fidélité au roi.

Au retour de Louis XVIII, il est grand chancelier de la Légion d'honneur le 2 juillet 1815. Il licencie l'armée de la Loire et il est nommé deuxième major de la garde royale le 13 septembre 1815.
Il est ministre d'Etat et membre du conseil privé le 19 septembre 1815. Grand-croix de Saint-Louis le 24 août 1820, chevalier commandeur de l'ordre du Saint-Esprit le 30 septembre 1820.

Le 25 septembre 1821, il se marie pour la troisième fois, à cinquante-six ans avec Ernestine de Bourgoing, fille d'un diplomate, baron de l'Empire. La mère de sa nouvelle épouse était surintendante de la maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis. Cette union le remplira de joie car il en naîtra un héritier mâle. Mais, comble de malheur pour Macdonald, son épouse décéda quelques mois après l'accouchement...

Sa dernière apparition officielle a lieu le 10 août 1830, où il présente à l'Assemblée la couronne royale de Louis-Philippe. Il cesse ses fonctions de grand chancelier de la Légion d'honneur le 23 août 1831.
Au cours des dernières années de sa vie, il fait le bien autour de lui. Il meurt, à soixante-quinze ans, le 25 septembre 1840, trois mois avant le retour des cendres de Napoléon. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Le nom du maréchal Macdonald est indiqué sur le pilier Est de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.

"Macdonald est un brave et loyal guerrier. Ce n'est que dans ces dernières circonstances que j'ai pu apprécier toute la noblesse de son caractère. Ses liaisons avec Moreau m'avaient donné des préventions contre lui ; mais je lui faisais injure, et je regrette bien de ne pas l'avoir mieux connu"


Sources :

-"Dictionnaire des Généraux et Amiraux Français de la Révolution et de l'Empire" de Georges Six. Georges Saffroy, éditeur. 1934.

-"Dictionnaire des Maréchaux de Napoléon" de Jean-Claude Banc. Editions Pygmalion. 2007

-"Dictionnaire Napoléon" de Jean Tulard


© La Bédoyère.






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