Les acteurs: Isabey.


ISABEY Jean-Baptiste (1767-1855). Peintre et miniaturiste.




Jean-Baptiste Isabey est né le 11 avril 1767 à Nancy. Son père, Jacques Isabey, était épicier et avait épousé Marie-Françoise Poirel.

Il étudie la peinture avec deux artistes lorrains : Girardet (architecte et décorateur) et Claudot (paysagiste).

En 1786, âgé de 19 ans, il va à Paris, muni d'une lettre de recommandation pour J. Dumont, artiste lorrain et premier peintre en miniature de la reine. Il peint des couvercles de tabatières et des ornements pour les boutons d'habit, pratique à la mode à cette époque.

Grâce à la recommandation d'un camarade d'atelier, il est introduit à la Cour de Versailles. Il fait les portraits des deux fils du comte d'Artois (les ducs d'Angoulême et de Berry) et de la reine Marie-Antoinette.

A son retour d'Italie en 1788, le peintre David admet Isabey dans son atelier et lui enseigne les règles du néo-classicisme.

Isabey devient membre de la loge "Les Amis Réunis", à l'Orient de Paris en 1789.

Le 13 août 1791, âgé de 24 ans, il épouse Justine Laurisse de Salienne, qu'il avait rencontrée dans une promenade publique.

En 1792, Isabey nommé capitaine, commande la troupe composée des élèves des arts qui a pour mission de garder le Louvre.

La protection de David lui permet de gagner sa vie en exécutant les portraits de personnalités : Mme de Staël, Mirabeau, Barère, Saint-Just, Collot-d'Herbois...

Il présente, au Salon de 1794, les deux dessins qui l'ont fait connaître : "Le Départ pour l'armée" et "Le Retour". Ensuite, il présente au Salon de 1797 un grand dessin, où il est représenté avec sa femme et ses trois enfants dans une barque, "La Nacelle ou la Barque d'Isabey" qui le rend célèbre.

Sous le Directoire, il est le peintre favori de la société mondaine. Son talent et son impressionnante puissance de travail lui permettent d'avoir de nombreuses commandes. Il fait merveille dans les portraits de femmes en miniature.

Par amitié pour le peintre Gérard, Isabey lui achète pour 3000 francs son "Bélisaire portant son guide" présenté au Salon de 1795. Il le revend 6000 francs et apporte le bénéfice de la revente à Gérard. En remerciement, Gérard fait le beau portrait d'"Isabey, sa fille et son chien" présenté au Salon de 1796.

Depuis 1795, Isabey occupe la fonction de professeur de dessin dans l'institut fondé par Madame Campan à Saint-Germain-en-Laye. Il a, parmi ses élèves, Hortense de Beauharnais. Il fait la connaissance de sa mère, Joséphine, et de son beau-père, le général Bonaparte. Gai, aimable, patineur et chanteur de talent, il devient un familier de Malmaison. Il y joue la comédie, tenant le rôle de Figaro dans Le Barbier de Séville, avec Hortense de Beauharnais qui interprète Rosine et qui est la vedette de la troupe. Il y a également Eugène de Beauharnais, Bourrienne, Junot et son épouse, née Laure Permon, Caroline Murat, Lauriston, Savary. C'est le grand Talma qui dirige les répétitions. Dans le parc de Malmaison, Isabey joue à saute-mouton avec les jeunes aides de camp du général Bonaparte. C'est à cette époque qu'il fait du Premier Consul l'un de ses plus beaux portraits le représentant dans le parc de Malmaison, en uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde. Cette oeuvre fut présentée au Salon de 1802.

A la même époque, il réalise "La Revue dans la cour du Carrousel". Toujours en 1802, Isabey dessine l'étoile à cinq rayons de la Légion d'honneur.

Napoléon avait mis à sa disposition un appartement au Louvre, où naît son fils Eugène (1803-1886).

Il expose, au Salon de 1804, un grand dessin : "La Visite du Premier Consul à la manufacture des frères Sévène, à Rouen, en novembre 1802."

En 1804, il exécute "La Visite de l'Empereur à la manufacture d'Oberkampf, à Jouy-en-Josas"

Napoléon, empereur, le nomme peintre dessinateur de son Cabinet, des cérémonies et relations extérieures. C'est à ce titre qu'il prend une part très active aux préparatifs du sacre de Napoléon. Il dessine tous les habits de cérémonie des participants. De plus, suite à la demande de Napoléon de dessins explicatifs de la cérémonie prévue le 2 décembre 1804, Isabey en deux jours, avec l'aide de son épouse, habille de papier une centaine de petites poupées en bois, trace à leur échelle un plan de la cathédrale et représente, sur une table, la cérémonie telle qu'elle devrait se dérouler. Napoléon complimente Isabey pour son ingéniosité et lui dit : "Je désire que chacune de ces poupées porte, écrit sur son dos, le nom du personnage qu'elle représente. Tous ceux qui y figurent au cortège devront apprendre de ces poupées, leur place et leur attribution..." Ainsi une seule répétition, dans la galerie de Diane, aux Tuileries, sera suffisante.

Isabey dessine également les broderies des costumes de la Cour impériale et les décors de nombreuses fêtes. Il décore également les théâtres des Tuileries et du château de Saint-Cloud.

Il achète, en 1805, un petit hôtel particulier dans le quartier de Paris à la mode, la Nouvelle Athènes. Isabey et sa femme y tiennent salon et reçoivent des artistes.

En 1808, Isabey réalise un magnifique portrait de l'impératrice Joséphine. Puis, il est chargé de dessiner un meuble prestigieux : un guéridon dont le plateau est orné en son centre d'un portrait de Napoléon sur un trône d'airain entouré de ses lieutenants les plus glorieux. Ce guéridon, appelé Table d'Austerlitz ou Table des Maréchaux, a été présenté au Salon de 1810.

En 1809, un logement lui a été affecté à la Manufacture de Sèvres.

Le mariage de Napoléon et de Marie-Louise, en 1810, lui donne l'occasion de faire le portrait des deux souverains.

Il réalise, par dizaines, des miniatures qui représentent Napoléon. Elles sont montées sur des boîtes et offertes, par l'Empereur, à des personnes qu'il désire honorer. Il dessine également des dessins de châles.

En 1811, il réalise "Le Chirurgien Dubois présidant à l'accouchement de Marie-Louise" et deux portraits du petit Roi de Rome.

L'Impératrice lui commande les portraits des membres de sa famille. Isabey se rend donc à Vienne, en septembre 1812, et rapporte seize miniatures exposées au Salon de cette même année.

Isabey est l'un des familiers du salon de son ami, le peintre Gérard, où il rencontre Percier, Fontaine, Guérin, Carle et Horace Vernet, David d'Angers, Ary Scheffer, Delacroix, Géricault, Cuvier, Humboldt, Stendhal, et, plus tard, Adolphe Thiers et Honoré de Balzac.

Malgré la mort de son fils, âgé de 17 ans, pendant la campagne de France, Isabey reste fidèle à Napoléon. Il le rencontre à Fontainebleau pour l'assurer de sa fidélité.

Sous la Première Restauration, Isabey accompagne Talleyrand au Congrès de Vienne. IL fait un dessin du Congrès où figurent Talleyrand, Metternich et Wellington. Il décore la cathédrale de Vienne pour une messe solennelle dite le 21 janvier 1815, à la mémoire de Louis XVI. Il reçoit la croix de la Légion d'honneur le 31 janvier 1814.

Au cours des Cent-Jours, il revient en France saluer Napoléon et lui offre un portrait de son fils réalisé à Vienne.

Sous la Seconde Restauration, il rend visite à plusieurs reprises au maréchal Ney emprisonné, ce qui lui vaudra l'inimitié des royalistes. Après un court séjour en Angleterre de 1816 à 1817, il est admis de nouveau à la Cour et fait le portrait de la duchesse d'Angoulême. Il voyage en France en 1818, expose ses oeuvres en Angleterre en 1820 et en Italie en 1823. Cette même année, il est nommé dessinateur et ordonnateur des fêtes et spectacles de la Cour.

En 1824, il est admis parmi les proches de la duchesse d'Angoulême. La même année, à la mort de Louis XVIII, il est chargé du décor de la chapelle ardente aux Tuileries, puis du sacre de Charles X.

Il est officier de la Légion d'honneur en 1825 et dessinateur du Cabinet le 8 août 1828.

Il perd son épouse en 1829. Il vend son hôtel particulier et s'installe à l'Institut où le gouvernement de Louis-Philippe a mis un appartement à sa disposition. Il se remarie avec Eugénie Maystre, l'une de ses élèves, avec laquelle il aura deux enfants : Henri (1830-1834) et Henriette (1837-1881).

En 1837, il est nommé conservateur adjoint des Musées royaux. Il a la joie de voir l'élection comme Prince-Président de Louis-Napoléon, fils d'Hortense de Beauharnais.

Isabey, dont la vue et la main sont affaiblies, reçoit une pension de 6000 francs. En 1853, il est nommé par Napoléon III commandeur de la Légion d'honneur. Il est convié aux fêtes de la Cour et est un habitué du salon de la princesse Mathilde.

Il décède le 18 avril 1855, à 88 ans, d'une fluxion de poitrine, dans l'appartement de l'Institut qu'il occupait au 25 quai Conti dans le sixième arrondissement de Paris. Ses obsèques ont lieu à l'église Saint-Germain-des-Prés et il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (20ème division).

Une rue de Paris, dans le seizième arrondissement, ouverte en 1867, porte son nom.

Son fils Louis Gabriel Eugène Isabey, né à Paris le 22 juillet 1803 et mort à Lagny le 27 avril 1886, fut également peintre. Pour les napoléoniens, une de ses oeuvres est majeure : "Transbordement des restes de Napoléon 1er en rade de Sainte-Hélène, à bord de la Belle Poule, le 15 octobre 1840".


Sources :
Revue du Souvenir Napoléonien n°431
Dictionnaire Napoléon. Jean Tulard
Dictionnaire historique des rues de Paris. Jean Hillairet


© La Bédoyère.



Autoportrait miniature sur ivoire du peintre Isabey


Portrait d'Adélaïde d'Osmond par Jean-Baptiste Isabey et Isabey et sa fille, par François Pascal Simon Gérard





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