L'île de Sainte-Hélène.


Sa situation



La position géographique de l'île de Sainte-Hélène pourrait se qualifier de petit point perdu au milieu de nulle part. Le point clair indique le lieu mais sans ce rond on ne verrait absolument rien.


Sainte-Hélène au milieu de nulle part. (cliquez pour voir en plus grand)
Merci à Diana




Historique.


Sainte-Hélène fut découverte en 1502 par les Portugais.
Occupée en 1561 par les Hollandais.
Occupée en 1673 par les Anglais qui en ont fait une citadelle sur la route du Cap.
Elle appartient à la Compagnie des Indes. En 1815, elle est occupée par:
- 3.000 Blancs
- 1.218 esclaves noirs
- 400 Indiens, Malais et Chinois (dont les noms, trop difficiles à prononcer sont remplacés par des numéros)


Note p 130 (Octave Aubry)


Sainte-Hélène, découverte le 21 mai 1502, jour de la fête de Constantin, par Juan de Nova Castella, navigateur portugais, fut occupée par les Hollandais, puis par la Compagnie des Indes Orientales (1651). L'île, la plus isolée de l'Atlantique, à sept cents lieues du Brésil, à quatre cent soixante lieues de la plus proche côte africaine, a 16 km de longueur sur 12 de large, avec une superficie égale à celle de Jersey. Quoique tout près de l'équateur, Sainte-Hélène, en raison de son élévation au dessus de la mer (300 à 1000m) offre un climat tempéré. Jamais moins de 10°C, jamais plus de 28°. L'été commence le 22 décembre , l'hiver le 21 juin. Les jours sont de 11h en hiver, 13h en été. Les pluies et les brouillards règnent surtout en hiver, avec d'assez fréquentes éclaircies. Mais l'île, véritable navire à l'ancre, est en toute saison sous l'influence de la mer et il y pleut souvent aussi en été.


Longwood est situé à près de 9km de Jamestown.



"Sainte-Hélène, terre d'exil" - Paul Ganière - Tallandier - 1971.


Découverte au soir du 21 mai 1502 par les marins portugais de la flotte de Joao de Nova, l'île de Sainte-Hélène doit son nom à la mère de l'empereur Constantin le Grand, dont on célébrait justement la fête ce jour-là.
Ayant pris possession de sa découverte au nom du roi du Portugal, de Nova fit jurer à ses marins de ne rien révéler de celle-ci, se conformant ainsi aux termes d'une bulle du pape Alexandre VI en date du 3 janvier 1494, octroyant au roi du Portugal le droit de ne pas rendre publics les points d'ancrage dont il pouvait disposer sur la route des Indes.
Sachant néanmoins que ce secret ne serait pas éternellement respecté, le rusé Galicien fit état, dès son retour en Europe, non pas d'une, mais de deux îles auxquelles il avait donné le nom de Sainte-Hélène et, pour détourner de leurs objectifs d'éventuelles expéditions, il les situa délibérément sur la carte en des lieux imaginaires, fort éloignés l'un et l'autre de la réalité.
Grâce à ce stratagème, l'îlot demeura en dehors des vois maritimes habituelles de longues années durant.

Le hasard voulut que le premier habitant de Sainte-Hélène fût un prisonnier.
Il s'agissait d'une curieux personnage, du nom de Fernao Lopez qui, dans l'enclave portugaise de Goa et en l'absence du vice-roi Albuquerque, parti à la conquête de nouvelles provinces, avait abjuré la religion catholique et entraîné un certain nombre de ses compatriotes à se mettre au service d'un despote musulman, Hidalkhan.
A son retour, Albuquerque avait réussi, non sans mal, à mater la révolte et à rétablir la souveraineté du Portugal sur cette parcelle de territoire.
Le calme revenu, il s'était fermement résolu à châtier sévèrement les parjures afin d'éviter le retour d'incidents aussi regrettables.
Sa justice devait s'abattre sur les renégats d'une manière impitoyable.

Devant une foule hurlante, les coupables furent hissés sur une estrade, attachés à des poteaux, entièrement dépouillés de leurs vêtements et épilés sur tout le corps. Puis, on leur jeta de la boue de porcherie avant de les reconduire dans leurs cachots.
Le lendemain, on les ramena sur le lieu de leur supplice et on leur coupa les oreilles et le nez.
Le troisième jour, on leur trancha la main droite et le pouce de la main gauche. Alors seulement, Albuquerque permit de les panser et de les alimenter.
La plupart de ces malheureux périrent et les rares survivants furent remis en liberté avant de disparaître.

Un seul, Fernao Lopez, qui en raison de ses origines aristocratiques était l'objet de "soins particuliers", demeura à Goa.
Lorsque ses plaies furent cicatrisées, Albuquerque ordonna de le faire embarquer sur un navire en partance pour le Portugal afin que son aventure servît d'exemple à tous ceux qui pourraient être tentés de s'écarter du droit chemin.
A l'escale de Sainte-Hélène, toujours inhabitée, Fernao Lopez, redoutant de se retrouver bientôt au milieu de ses parents et amis dans l'état de déchéance où ses erreurs l'avaient plongé, supplia le commandant du bord de le descendre à terre et de l'y abandonner.
Celui-ci, qui éprouvait à son endroit de la compassion, accéda à son désir et fit plus encore en lui laissant quatre esclaves noirs, des outils, des provisions et de vieux habits.
Afin de ne pas encourir les reproches de ses supérieurs, il décida de raconter, à son retour à Lisbonne, que son prisonnier s'était échappé à la nage et qu'il lui avait été impossible de le retrouver.
Cet événement se passait au début de l'année 1513.

Les premiers colons de Sainte-Hélène prirent progressivement possession de leur domaine. Ils élevèrent quelques huttes de branchages, défrichèrent une parcelle de terrain. Une sorte de vie primitive s'instaura.
Lopez, intelligent et ingénieux, réussit à maintenir une certaine discipline et à coordonner les efforts.
Un an plus tard, un bâtiment portugais aborda l'île. Fernao Lopez se réfugia dans les montagnes, soucieux de rester éloigné du monde, mais les esclaves en profitèrent pour l'abandonner à son exil volontaire.
Tout autre que lui eût sans doute péri. Lopez surmonta les difficultés et les angoisses en tirant parti de ses pauvres doigts restants et de son moignon pour extraire de ce sol ingrat les éléments nécessaires à sa nourriture quotidienne.
Un jour pourtant, il s'enhardit à sortir de sa cachette, car il nourrissait en secret l'espoir de retourner en Europe afin d'y solliciter le pardon du pape et du roi.
Un capitaine de navire marchand l'accepta à son bord et quelques semaines plus tard, il débarquait à Lisbonne.

Il se rendit à plusieurs reprises au palais royal où le souverain et son épouse l'accueillirent avec la plus grande bienveillance.
Ayant apaisé sa conscience, il prit le bâton de pélerin et gagna Rome où le Saint-Père lui accorda une audience, lui donna l'absolution et lui offrit l'hospitalité dans un couvent.
Lopez refusa, de même qu'il avait refusé l'invitation du roi à demeurer dans sa patrie. Il voulait retourner à Sainte-Hélène pour y finir ses jours dans la pénitence et la prière.
A cet effet, il reprit la mer et retrouva son ermitage où il rendit le dernier soupir en 1546, au terme de trente-quatre ans placés sous le signe d'une longue et douloureuse expiation.

Merci à Joker


l'île - prison.


Un souverain d'Afrique fut exilé à Sainte-Hélène : le chef zoulou Dinizulu. Sa captivité dura sept ans, de 1890 à 1897.
Dinizulu fut condamné à dix d'internement pour s'être opposé à la colonisation de son royaume. Il fut accompagné dans l'île-prison par deux de ses oncles, Undabuka et T'chingana, ainsi que leurs femmes et leurs serviteurs. Dinizulu fut finalement grâcié avant la fin de sa peine.

Sainte-Hélène reçut en 1907 d'autres rebelles zoulous, au nombre de vingt-cinq. Ils y restèrent deux ans.

Un autre souverain africain détenu à Sainte-Hélène : Sayyid Khalid bin Barghash al Said, sultan de Zanzibar. Il arriva avec sa suite dans l'île en août 1917 pour la quitter en 1921.

De 1900 à 1902, 5 778 prisonniers boers furent transférés sur l'île. Durant cette période, 180 détenus trouvèrent la mort, soit un taux de mortalité de 3 %.
Trois camps furent installés : deux à Deadwood et un autre à Broadbottom. Les prisonniers logèrent dans un premier temps sous des tentes, puis dans des cabanes. Ils avaient cependant le droit de se déplacer dans l'île et de travailler chez les insulaires. Les récalcitrants perdaient toutefois cette possibilité et se voyaient enfermés au fort de High Knoll.

Ces trois années furent pour les habitants de Sainte-Hélène une période de relative prospérité.
Voilà ce que l'on pouvait lire dans le Saint Helena Guardian du 23 octobre 1902 (les départs des prisonniers s'étaient effectués du 17 juin au 21 octobre) :

"Ne l'oublions pas, nous avons tous bénéficié de leur présence, du propriétaire au marchand, en passant par le fermier et l'enfant de dix ans qui aurait dû être à l'école au lieu de gagner sa pièce en travaillant sur les quais et ailleurs. Oui, l'argent est entré à flots dans l'île, le gouvernement a récolté des fonds considérables grâce aux droits de douane qu'il a perçus et le plus grand nombre, pour ne pas dire la totalité d'entre nous, a gagné plus d'argent que jamais auparavant. C'est un fait : la détention des prisonniers boers a nettement amélioré les finances de l'île."


Merci à Cyril Drouet


Le projet Sainte-Hélène.



Les derniers jours de l’Empire - H.Lachouque - Artaud – 1965 - p.248



L’île Sainte- Hélène...

C’est une vieille idée des conservateurs anglais. Déjà en 1800, lorsque le gouvernement payait à coups de guinées les royalistes français pour enlever le Premier consul, Pitt, l’implacable adversaire de la République, de Bonaparte, puis de Napoléon, voulait l’y interner. A Vienne, Talleyrand avait suggéré comme lieu de détention les Açores, mais les autres membres du Congrès étaient en général d’accord pour Sainte- Hélène.

« La honte d’avoir livré Napoléon au roi de France pour être fusillé nous a été épargnée », écrit lord Rosebery.



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