Sainte-Hélène après la mort de l'Empereur.

Longwood.


Longwood, 1840 - extraits de Sainte-Hélène d'Octave Aubry - vol2 - p 313-314


La longue avenue était envahie par les herbes. Beaucoup des gommiers qui la bordaient avaient disparu. Devant la maison de l’Empereur, plus de pelouses, mais un pâtis pelé où broutaient quelques moutons. Les pèlerins franchirent la haie inculte et s’approchèrent des bâtiments. Ce n’était plus qu’une ferme en ruines. Ils entrèrent par le perron disjoint, sous la véranda de treillage, sans vitres désormais. Le parloir était vide. Poussée contre la paroi, une table de sapin portait un cahier où s’inscrivaient les visiteurs. Les murs étaient couverts de noms gravés au couteau.

Le salon n’avait plus de cheminée ni de portes. Les fenêtres étaient des trous béants. Le papier de tenture était arraché, le plancher pourri. Un moulin à vanner occupait la moitié de la pièce. Pour l’installer on avait défoncé le plafond. Emmanuel de Las Cases, par crainte de ne pouvoir se maîtriser, sortit. Gourgaud rougit de colère. Bertrand tristement baissait la tête. Les Anglais semblaient honteux.

Marchand montra la place où l’Empereur était mort.
- Il était couché là… il avait la tête tournée de ce côté…

Ils passèrent dans la salle à manger, la bibliothèque, réduits où gisaient des outils aratoires. Les deux petites chambres de Napoléon, ce qu’il appelait « son intérieur », témoins de ses tourments et de ses songes, avaient été converties en écurie. A la place où il dictait ses campagnes étaient une mangeoire, un râtelier. Au clou où il accrochait son épée pendait le licou d’un mulet. Des planches aveuglaient les croisées. Le sol était couvert de fumier. Les Français sortirent, étouffant de tristesse et d’indignation.

(…)

Les pèlerins marchaient à présent dans le terrain vague où Napoléon avait établi, à tant de peines, ses modestes jardins. Rien n’en paraissait plus, sauf un pan de mur de gazon, et le plus grand des bassins qui servait l’abreuvoir. Les immortelles semées en 1819 par l’Empereur dans son parterre s’étaient répandues partout, mais les blanches, les rouges, les violettes avaient péri. Ne survivaient, par une sorte d’obscur hommage de la terre, que les immortelles dorées.

Plus d’allées, la tonnelle avait disparu. Le chêne de l’Empereur, son « beau chêne », sous lequel il avait si souvent déjeuné, restait debout. II n’avait point poussé. Le bois de gommiers, assez éclairci, couvrait encore le plateau au nord-est. Les logements de Las Cases, de la famille Montholon, de Gourgaud, de l’officier d’ordonnance étaient devenus des granges et des fointiers. Bertrand n’eut pas le courage ce jour-là d’aller revoir la petite maison où il avait vécu, si découragé souvent, où sa femme avait passé tant de jours chagrins, où leurs enfants avaient grandi, où Arthur était né.

Pour lire les descriptions des témoins.


Encyclopédiana, recueil d'anecdotes anciennes, mondernes et contemporaines, Paris 1857


Des milliers d'inscriptions couvrent les murs de la salle de billard dans la maison de Longwood que l'Empereur occupait à Ste-Hélène. La plupart d'entre elles témoignent des regrets et des sentiments bonapartistes de ceux qui les ont tracées. La suivante est remarquable par sa naïveté :

"Je t'aimais diablement quand t'étais en vie, je t'aime bien plus maintenant que t'es mort."
Courtois, de la 27e

Merci à Jean-Yves.


Sainte-Hélène.


Le facteur de Sainte-Hélène reçoit régulièrement, des quatre coins du monde, du courrier adressé à L'Empereur Napoléon. Il le transmet au Consul de France qui en possède près de 300. (août 1994)



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