Tombes en Belgique: François Antoine Lejeas - "évêque" de Liège.



Dans un des chemins du cimetière de Bruxelles/Evere, en balayant les feuilles d’automne qui la recouvrent, on trouve une dalle carrée en pointe portant l’inscription suivante :


Á la mémoire de
François Antoine Lejeas
Évêque de Liège
Chevalier de la Légion d’honneur
Né à Paris le 12 juillet 1744
Mort à Bruxelles le 16 avril 1827
R.I.P.
1806





Voici ce qu’on peut lire dans le GUIDE des Cimetières de Bruxelles de Jacques A.M. Noterman, à propos de ce personnage :

Que vient faire ce Français à Liège, puis à Bruxelles ?
Vicaire général de Paris en 1803, ce cistercien en devient aussi le vicaire capitulaire et l’official métropolitain en 1808, c’est-à-dire le plus haut responsable judiciaire du diocèse et, à ce titre, juge les demandes en nullité de mariage. Napoléon le nomme évêque de Liège le 9 février 1809, comme c’est la coutume du moment. Ce faisant, l’Empereur a-t-il une petite idée derrière la tête ? C’est difficile à dire mais c’est possible sinon probable puisqu’il est déjà préoccupé par son absence de descendance.

Au moment où Napoléon veut répudier Joséphine, en novembre 1809, le pape Pie VII est emprisonné à Savone. Or, les cas de nullité de mariage de souverains sont de la responsabilité du pontife. Il n’est donc pas question de lui demander son arbitrage, d’autant plus que l’empereur vient d’annexer les États pontificaux. Cambacérès propose alors de s’adresser à l’officialité de Paris qui accepte de traiter le cas. François Lejeas retiendra essentiellement le défaut de consentement de l’empereur pour déclarer nul son mariage en janvier 1810. Comme l’argument n’avait « jamais » (été) utilement invoqué que par un mineur surpris et violenté, Bainville estime que l’annulation se fait « par ordres », c’est le moins que l’on puisse dire. Dès lors, Napoléon peut épouser la propre fille d’un de ses vaincus, l’archiduchesse Marie-Louise de Habsbourg qui lui donnera son seul fils légitime….

« Bien que nommé évêque, François n’a jamais été sacré ni reconnu comme tel par le pape. À Liège, il ne remplira que ses fonctions précédentes de vicaire capitulaire. François apparaît comme un fanatique de Napoléon, au point de craindre pour sa personne en 1814. Il quitte alors Liège en emportant, semble-t-il, les archives de sa période, pour se réfugier à Bruxelles.
La mention sur sa tombe est civilement exacte mais religieusement fausse. Ainsi François illustre parfaitement les difficultés de cohabitation entre pouvoirs politique et spirituel. »





© Diana


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