Les acteurs: Bessières.


BESSIERES Jean-Baptiste (1768-1813) Maréchal de France, duc d'Istrie.




Jean-Baptiste Bessières est né le 6 août 1768 à Prayssac, dans le département du Lot.

Son père, médecin, souhaitait lui voir exercer la même profession. La Révolution survient et, comme pour beaucoup d'hommes de cette génération, va être à l'origine d'une grande et belle carrière militaire.

Il s'engage dans la Garde constitutionnelle du Roi le 7 avril 1792. Deux mois plus tard, cette garde est licenciée. Bessières s'engage donc dans la Garde nationale de Paris. Son grand ami, Murat, venait d'en être congédié le 4 mars 1792.

Nous le retrouvons au 22ème régiment de chasseurs à l'armée des Pyrénées le 1er novembre 1792. Il est élu lieutenant dans ce régiment le 10 mai 1793, puis capitaine le 8 mai 1794. Il est de tous les combats dans la campagne à laquelle participe l'armée des Pyrénées. En 1795, son régiment part pour l'armée d'Italie.

Bessières, avec le 22ème régiment de chasseurs à cheval, se distingue dès les premiers combats de la campagne d'Italie. C'est à lui que pense Bonaparte lorsqu'il crée le corps des Guides. Il lui en donne le commandement le 5 juin 1796.

Après la victoire de Rivoli, Bonaparte envoie Bessières à Paris, le 21 janvier 1797, afin de remettre des drapeaux pris à l'ennemi : "Citoyens directeurs, je vous envoie onze drapeaux pris à l'ennemi aux batailles de Rivoli et de la favorite. Le citoyen Bessières, commandant des Guides, qui les porte, est un officier distingué par sa bravoure."

Il est chef d'escadron le 4 mars 1797, puis le colonel le 9 mars 1797. Ce rapide avancement est dû, non seulement à sa grande bravoure, mais également au développement du corps des Guides qui, outre la cavalerie, possède de l'infanterie et de l'artillerie.

Il participe ensuite à la campagne d'Egypte et il s'y fait remarquer à Saint-Jean d'Acre (mars-mai 1799) et à la bataille d'Aboukir (25 juillet 1799).

Il devient un fidèle, proche du futur premier Consul. De plus, il partage une profonde amitié avec Murat. Ces deux frères d'armes ont deux caractères qui se complèteront admirablement dans l'action. Murat est un fonceur, Bessières est réfléchi. Cette dualité de caractères sera très utile lors des journées des 18 et 19 Brumaire.

Après ces deux journées, Bessières est nommé à la tête de la Garde du Corps Législatif. Ce corps constitue le noyau de ce qui sera la Garde consulaire, puis impériale. Eugène de Beauharnais prendra le commandement des Guides, futurs chasseurs de la Garde.

Au nom de sa grande amitié avec Murat, Bessières va intervenir. Il s'agit de savoir qui épousera la sœur de Napoléon, Caroline Bonaparte. Deux officiers généraux sont sur les rangs : Lannes et Murat. Bien que Caroline préfère Murat, Bonaparte hésite... Bessières intervient en faveur de Murat.
Cette intervention vaudra à Bessières une grande inimitié de la part de Lannes ; et cette inimitié sera à l'origine de beaucoup de heurts entre les deux hommes...

Le 14 juin 1800 a lieu la bataille décisive de Marengo contre les Autrichiens.

Bessières fit une très belle charge à la tête de la cavalerie de la Garde consulaire ; mais ce fut la charge des dragons du général Kellermann fils qui fut déterminante. Sans, bien sûr, oublier le rôle capital du général Desaix, qui trouva à cette occasion une mort héroïque.
Après cette action, Bessières est nommé général de brigade le 18 juillet 1800. Ensuite il goûte les joies de la paix revenue en épousant Mademoiselle Lapeyrière, sans fortune, mais qu'il aimait. Et selon la duchesse d'Abrantès : "modèle parfait de toutes les vertus de la femme et de la mère, de la fille et de la sœur."

Napoléon réorganisa la garde consulaire qui aura désormais quatre chefs au lieu d'un. Bessières est nommé à la tête de la cavalerie et il reçoit le grade de général de division le 13 septembre 1802.

A la proclamation de l'Empire, Napoléon décide de rétablir la dignité de maréchal de France. Bessières est le dernier de la promotion de 1804. Il est nommé colonel-général de la cavalerie de la Garde et grand-aigle de légion d'honneur.

La Troisième Coalition ouvre les hostilités contre la France en 1805. La Grande Armée se constitue. Bessières est à la tête de la Garde impériale.

Le 2 décembre 1805, à Austerlitz, la charge de Bessières est un moment capital de la bataille. La cavalerie de la Garde, en troisième ligne derrière les grenadiers d'Oudinot et la Garde à pied, est sur une seule ligne comprenant cinq escadrons de grenadiers à cheval, quatre de chasseurs et un de mameluks.
Après le moment où le 4ème corps du maréchal Soult a pris le plateau de Pratzen, un bataillon du 4ème de ligne est en mauvaise posture et la division du général Vandamme est attaquée de flanc. Bessières ordonne à la cavalerie de la Garde de charger et c'est la charge d'anthologie menée par Rapp, aide de camp de l'Empereur qui dans un élan irrésistible disperse les chevaliers-gardes de la Garde impériale russe, et le prince Repnine qui commandait les chevaliers-gardes est fait prisonnier.

Le 14 octobre 1806, à Iéna, Bessières est avec l'Empereur, Berthier et Duroc pendant tout le déroulement de la bataille.

Le 8 février 1807, à Eylau, c'est la légendaire charge de la réserve de cavalerie menée par Murat et celle de la cavalerie de la Garde, commandée par Bessières, qui sauvent l'armée française.

Napoléon avait créé une deuxième réserve de cavalerie, avec pour chefs : cuirassiers : d'Hautpoul, dragons : Grouchy et Sahuc et cavalerie légère : Tilly, et en donna le commandement à Bessières.
Le général Thoumas, célèbre historien de la cavalerie, a écrit : "il s'acquitte de cette besogne en conscience et exécute le programme qui lui avait été dicté, mais, avec moins d'activité et de brio qu'en aurait mis Murat, dont c'était le rôle ordinaire. Il faut dire à sa décharge qu'il était loin d'avoir la liberté d'allure accordée à Murat et qu'il était mis sous les ordres de Bernadotte".

Bessières reçut le commandement du 2ème corps de l'armée d'Espagne le 7 septembre 1808. Ce corps opérait dans la province de Salamanque. Il établit son quartier général à Burgos.

Le général espagnol Cuesta menace, avec 40000 hommes, de couper les communications du corps d'armée de Bessières. Celui-ci ne disposant que de 14000 hommes, n'hésite pas à passer à l'attaque. Et le 14 juillet 1808, à Médina del Rio Secco, l'armée de Bessières écrase celle de Cuesta.
A la fin de la même année, il retrouve l'Empereur.

En 1809, c'est la guerre contre l'Autriche. Bessières est à la tête de la cavalerie de la Garde impériale.

A Landshut, il bat la cavalerie autrichienne. Il combat aux côtés de Masséna à Ebersberg le 3 mai 1809 et à Essling le 21 mai 1809.

A Wagram, il mène plusieurs charges de cavalerie lourde. Au cours de l'une d'elle, il a son cheval touché par un boulet et il est renversé sous sa monture. A cette occasion Napoléon dira : "Bessières voilà un beau boulet, il a fait pleurer ma Garde."

Sa belle conduite, lors du débarquement de Walcheren, lui vaudra le titre de duc d'Istries.

Nous le retrouvons en Espagne à partir du 15 janvier 1811 où il réorganise l'armée et préserve les populations civiles Mais une mésentente avec Masséna fait qu'il n'est pas très efficace, lors de la bataille de Fuentes de Onoro.

Lors de la campagne de Russie, il assure le commandement de la Garde impériale. A Gorodnia, le 24 octobre 1812, 8000 cosaques menés par l'hetman Platov attaquent le quartier général de l'Empereur. Bessières charge à la tête de sa cavalerie, disperse les cosaques et tue mille d'entre eux.

Au début de la campagne de Saxe de 1813, il est au commandement de toute la cavalerie de l'armée. Son aide de camp, Baudus, rapporte que le maréchal Bessières avait le pressentiment de sa mort prochaine. En déjeunant, le matin de ce 1er mai 1813, il dit : "Au fait, si un boulet de canon doit m'enlever ce matin, je ne veux pas qu'il me prenne à jeun ! "

Il est tué le 1er mai 1813 en avant et à gauche du village de Rippach, près de Weissenfels, par un boulet qui lui coupa le poignet, lui perça la poitrine et l'étendit raide mort.

Son nom est inscrit sur le côté Est de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.

Napoléon dira de lui, à Sainte-Hélène : "Bessières était d'une bravoure froide, calme au milieu du feu ; il avait de très bons yeux, il était fort habitué aux manœuvres de cavalerie, propre surtout à commander une réserve. Bessières était un officier de réserve plein de vigueur, mais prudent et circonspect. On le verra dans toutes les grandes batailles rendre les plus grands services."


Sources :
Le Maréchal Bessières d'A. Rabel, 1903.
Le Dictionnaire Napoléon Jean Tulard
Le Dictionnaire des Généraux de la Révolution et de l'Empire




© La Bédoyère.





Merci à Jérôme Croyet.





Recherche sur le site